L'Afrique doit s'industrialiser en 15 à 20 ans afin d'anticiper le risque de chaos humanitaire révélé par la Banque Mondiale en 2018
Selon la Banque Mondiale "pour 2030, les prévisions indiquent que 9 personnes vivant dans l'extrême pauvreté sur 10 vivront en Afrique subsaharienne." Sa population passera d'1 milliard d'habitants à 2 en 2050 puis 4 en 2100. En l'absence de développement industriel, on peut donc craindre une famine qui pourrait tuer des centaines de millions d’africains.
On regrette l'échec des institutions depuis 6 décennies ainsi qu'une idéologie climatique récente qui empêche la création d'une industrie manufacturière de biens de consommation génératrice d'emploi. Derrière le slogan de l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne, la volonté industrielle n'est pas manifeste. UE, AFD, ONU, GIEC etc., que répondront dans quelques années, ces institutions et ONG, aux 2 ou 3 milliards d’africains qui les accuseront d'avoir mené une politique d'investissement dogmatique partiellement responsable d'un chaos humanitaire jamais vu ?
Il est donc imperatif que l’Afrique subsaharienne s'industrialise en moins de 20 ans et nous proposons pour cela, le 1er programme en 60 ans réaliste et volontaire. Bienveillamment accueilli en 2020 par plusieurs dizaines de médias africains populaires et conscients des réalités économiques régionales, le plan pourrait enfin repondre à une demande des principaux intéressés que sont les travailleurs et peuples africains toujours en attente du progrès économique promis depuis si longtemps par leurs dirigeants et les institutions internationales. Francis Journot le 12/02/2023
Le scénario en 2040 d’une Afrique subsaharienne qui s’industrialise, profite de 30 glorieuses et devient un nouvel Eldorado
AFP - Le Sommet industriel africain (SIA) a eu lieu à Dakar les lundi 6 et mardi 7 décembre 2040 - L'Union Africaine (UA) et la Banque Africaine de Développement (BAD) comptent parmi les principaux partenaires du programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne en moins de 20 ans depuis sa mise en oeuvre en septembre 2023 et se sont félicitées de cette réussite. Selon leur communiqué, les nouveaux échanges, l’activité intérieure avec la multiplication des entreprises, une économie moins informelle et la consommation, ont généré une forte croissance dès 2030. Depuis, la région enregistre un recul constant de l’extrême pauvreté et de la malnutrition. L’instauration d’un salaire minimum régional de production a réduit des conditions de travail proches de l’esclavage. L’implication massive des femmes dont le rôle s'est donc avére déterminant pour l'’économie subsaharienne, a fait chuter le nombre de naissances. Aussi, le choc démographique et humanitaire que la Banque Mondiale avait prédit, ne se produit pas. Les procédés de dessalement de l’eau de mer permettent plus d’accès à l’eau potable. Ces institutions estiment que les prévisions climatiques apocalyptiques ne se sont guère realisées et réaffirment par ailleurs leur volonté de voir des centrales nucléaires remplacer des énergies fossiles. La croissance subsaharienne atteint 12 % en 2040 et augmente le PIB/ habitant dans une Afrique prospère depuis 10 ans.
"L’industrialisation et le développement de l’Afrique subsaharienne réduiraient démographie et immigration"
Pour éviter un chaos humanitaire, l’Afrique subsaharienne doit s’industrialiser rapidement, argumente Francis Journot, qui dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ainsi que le projet Africa Atlantic Axis.
L’explosion des flux d’immigration économique inquiète la France et d’autres pays de l’UE. Car l’Afrique subsaharienne concentrera, selon la Banque Mondiale, 90 % de l’extrême pauvreté mondiale en 2030 et sa population passera d’1 milliard d’habitants à 2 en 2050 puis 4 en 2100. Mais des solutions résident en amont et l’industrialisation pourrait éviter un gigantesque chaos humanitaire.
Quand le durable va à l’encontre du développement économique et de l’inclusif
Afin d’appliquer les résolutions de l’Accord de Paris de 2015 sur le climat, l’ONU a défini des Objectifs de Développement Durable (ODD). Les autres institutions, ont aussitôt souscrit au nouveau credo du développement « durable et inclusif ». Mais le durable va à l’encontre de l’inclusif quand les financements sont surtout fléchés vers des projets plus idéologiques et politiques qu’économiques, au détriment de la création d’une vraie industrie manufacturière des biens de consommation, génératrice d’emploi et de progrès pour les populations. Mais que répondront dans quelques années, les institutions internationales et ONG du climat, aux 2 ou 3 milliards d’africains qui les accuseront d'avoir mené une politique partiellement responsable d'un chaos humanitaire jamais vu ou aux européens qui leur reprocheront d’avoir favorisé une immigration massive impossible à absorber et ainsi déstabilisé les économies européennes.
Seules l’agriculture et l’industrie pourront offrir beaucoup d’emplois à la jeunesse africaine
Consultant et entrepreneur, Francis Journot dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation ainsi qu’Africa Atlantic Axis. Il est l’initiateur du projet International Convention for a Global Minimum Wage et anime le site Collectivité Nationale.
L’Afrique subsaharienne doit-elle accepter de sacrifier son industrialisation, ses 30 glorieuses et sa jeunesse au nom du climat ?
L’Afrique subsaharienne pourrait, à l’instar de pays développés qui ont profité de 30 glorieuses, connaitre à son tour une longue et forte période de croissance. Mais alors que des conditions sont réunies, une pensée autoritaire du réchauffement climatique pourrait l’en priver.
Quand le dogme climatique empêche l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne
Les ODD (Objectifs de développement durable) ont été définis par l’ONU en 2015. Leur influence sur les politiques d’investissement est déterminante. En effet, les industries, généralement génératrices d’émissions de CO₂, sont le plus souvent écartées au nom du climat. Concrètement, cela bloque l’industrialisation, empêchera la création de dizaines de millions d’emplois et le développement de l’Afrique subsaharienne mais aussi, compte tenu de la démographie, pousse un peu plus vite la région vers un chaos humanitaire sans précédent. Pourtant, si l’on considère que les pays de la région émettent ensemble moins de 2 % du CO₂ mondial, il apparait alors que les injonctions climatiques d’ONG et d’institutions sont peu légitimes. L’Afrique mérite mieux qu’une subordination aux ODD et doit se doter d’un projet réaliste qui tienne compte des besoins de ses populations et de ses spécificités économiques.
Vertu climatique de rigueur pour l’Afrique et centrales à énergies fossiles à volonté pour les autres
Peut-on croire, au moment où la Chine, l’Inde, les USA et l’Europe continuent d’ouvrir des centaines de centrales à charbon et gaz, que l’Afrique va s’industrialiser avec quelques barrages hydrauliques, panneaux solaires et éoliennes estampillées durables mais par ailleurs fortement meurtrières pour l’avifaune africaine. Le continent qui ne dispose pas actuellement d’énergie nucléaire, à l’exception de l’Afrique du Sud, ne pourra s’industrialiser, qu’en utilisant aussi des énergies fossiles, comme les autres régions du monde. Compte tenu de la probabilité d’une crise humanitaire qui pourrait tuer des centaines de millions d’africains si le continent ne se développe pas, il est indispensable de trouver un compromis.
A défaut de développement et d’éradication de la faim, les leurres du durable et du numérique
Le discours d’occidentaux ou d’africains biens nourris, souvent militants du climat ou représentants d’institutions internationales, parfois africaines, qui explique doctement à une population subsaharienne comptant parmi elle 350 millions de personnes souffrant de malnutrition et ne disposant guère d’accès à l’énergie, que la transition énergétique, une consommation durable ainsi qu’une transformation numérique sont les priorités au nom du climat, semble indécent et déconnecté des réalités africaines.
Le postulat selon lequel les TIC suffiraient à propulser l’Afrique vers la prospérité est fallacieux. Pour structurer son économie ainsi que tous les pays développés l’ont fait avant elle, la région ne pourra s’exonérer d’un passage par les cycles primaires et secondaires (agriculture et industrie). La digitalisation de services publics est certes indispensable. Il est néanmoins peu certain que les populations veuillent une société digitale et de services, tertiaire ou quaternaire, qui ne profiterait qu’à quelques-uns dont acteurs du durable et des TIC, startups ou entreprises robotisant les rares emplois de production mais s’accaparant la plus grande part des financements et subventions au milieu d’un océan de misère et de chaos. L’Afrique surtout besoin d’industrie manufacturière, d’agriculture et d’emplois.
Il faut respecter au mieux l’environnement mais produire suffisamment pour financer le progrès
Construction d’infrastructures, logements, équipement des ménages et création de services publics, emploi et diminution de l’économie informelle qui sclérose le développement, lutte contre la faim et l’extrême pauvreté, innombrables sont les colossaux chantiers et défis auxquels l’Afrique subsaharienne doit répondre. Il faut avant tout, respecter au mieux l’environnement dont la faune et la flore mais personne ne songe à faire de l’Afrique, la nouvelle usine du monde. Il est cependant nécessaire qu’elle produise au moins une forte part de ses biens de consommation et exporte de la valeur ajoutée pour s’offrir davantage de croissance, financer son progrès et satisfaire aux besoins de ses populations.
L’impasse d’un développement endogène de l’Afrique subsaharienne
Chacun souhaite profiter du progrès et la plupart des plus pauvres ne veulent pas vivre dans le dénuement quand le reste du monde évolue. Mais la construction d’une industrie capable de fournir les biens de consommation modernes à une population qui atteindra plusieurs milliards d’habitants dans quelques décennies, répartis dans près d’une cinquantaine de pays, nécessiterait des milliers de milliards d’euros impossibles à trouver et des dizaines d’années de recherches réalisées par des centaines de milliers d’ingénieurs et le dépôt ou achat de millions de brevets. Lorsque cela serait fait, les prix des produits, compte tenu des investissements et de l’endettement, ne seraient pas toujours concurrentiels.
Aussi le choix d’une forme d’isolement à l’heure de la mondialisation semble plus démagogique qu’efficient. Les institutions africaines pourraient faire le constat de l’échec de projets surtout endogènes dont le Plan d’action de Lagos (PAL) et l’Agenda 2063 à propos duquel IndustriALL Global Union qui regroupe 50 millions de travailleurs, déclare : "D’innombrables stratégies d’industrialisation de l’Afrique ont été adoptées, depuis l’Agenda 2063 de l’Union africaine, et ce, du niveau continental jusqu’aux politiques industrielles nationales, mais le décollage ne se produit pas ". Seul le pragmatisme permettra de faire décoller l’économie. La Chine a pu s'industrialiser en 3 décennies parce qu’elle s’est ouverte à la mondialisation et que l'Occident dont la France, lui a procuré technologies et savoir-faire.
Après l’échec du modèle postcolonial d’aide au développement (APD), une voie plus pragmatique
La méthode du programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne en moins de 20 ans est opérationnelle. Afin d’économiser des centaines de milliards d’euros et des dizaines d’années de recherches, nous voulons aller convaincre, schémas de process de production et projections financières à l’appui, des grandes entreprises occidentales qui produisent actuellement en Chine, d’inclure l’Afrique subsaharienne dans leurs étapes de chaînes de valeur mondiales (CVM). Ainsi, les entreprises locales bénéficieront de transferts technologiques et développeront des écosystèmes. Notre vision à 360° permettra d’engager simultanément toutes les actions nécessaires. Recherche d’investisseurs et constitution de fonds financiers, organisation d’infrastructures et de complexes industriels, formation mais surtout aussi une communication qui génèrera une dynamique mondiale. Les perspectives d’un immense marché en devenir, achèveront de persuader des potentiels partenaires également désireux de réduire leur dépendance à la Chine.
Certes, les organisations internationales et partenaires de l’Afrique dont la France, l’UE et les USA, englués dans leur dogme climatique mais bailleurs de fonds influents, ne seront pas toujours immédiatement séduits mais ne pourront que se résoudre à accepter finalement une politique industrielle plébiscitée par les populations afin de n’être guère exclus, au profit d’autres pays, de l’enjeu africain sur l’échiquier mondial géopolitique et géostratégique. Les institutions africaines doivent aussi comprendre que la jeunesse ne veut pas être sacrifiée sur l’autel du climat.
L’Afrique subsaharienne est à la croisée des chemins. Si les institutions africaines persistent à suivre une même politique dictée par un dogme climatique plutôt occidental, la région concentrera 90 % de l’extrême pauvreté mondiale en 2030 (source Banque mondiale). Avec 2 milliards d’habitants en 2050 et 4 en 2100, la plus grande catastrophe humanitaire sera inévitable. Mais ainsi que proposé, une autre voie est possible. Des institutions comme l’UA et la BAD ont le destin de l’Afrique entre leurs mains.
Francis Journot est consultant et entrepreneur. Il dirige le Programme industrialisation Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique et Africa Atlantic Axis. Il fait de la recherche dans le cadre d’International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale
Pour éviter un chaos humanitaire, l’Afrique subsaharienne doit s’industrialiser en moins de 20 ans
Selon la Banque Mondiale "pour 2030, les prévisions indiquent que 9 personnes vivant dans l'extrême pauvreté sur 10 vivront en Afrique subsaharienne." Sa population passera d'1 milliard d'habitants à 2 en 2050 puis 4 en 2100. Aussi le développement de l’agriculture et de l’industrie est plus que jamais urgent.
Critères idéologiques de financement
Les institutions internationales réservent le plus souvent les fonds de l’aide publique au développement (APD) à des projets d’investissement réalisés seulement dans quelques secteurs d’activité au détriment d’autres. Alors certes, les évolutions technologiques dans les domaines du numérique, des télécommunications ou du durable sont indispensables et permettront à l’Afrique d’avancer mais cela ne suffira pas. Aussi peut-on regretter des choix idéologiques qui s’opposent souvent à la création d’une industrie manufacturière de biens de consommation.
Une politique dogmatique qui ne procurera que peu de travail apparait inappropriée quand le défi consiste surtout à modifier l’économie informelle et à penser des solutions économiques procurant des emplois à une part importante des 20 millions de subsahariens qui arrivent sur le marché du travail chaque an.
Il est peu certain les africains touchés par l’extrême pauvreté qui ne voient pas d’amélioration de leurs conditions de vie, croient longtemps encore une communication et une politique prônant l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne tout en empêchant celle-ci. Même si cela va à l’encontre d’objectifs climatiques du GIEC ou d’une idéologie verte, l’Afrique a aussi le droit de se développer et les africains pauvres doivent pouvoir également accéder au progrès.
Les institutions internationales pourraient devoir répondre de leur aveuglement
Si nous n’agissons pas, il est à craindre, au cours des prochaines années ou décennies, que nous assistions alors impuissants à une famine tuant des centaines de millions d'africains mais impossible à juguler en raison de son étendue.
On se désolera alors de l'échec depuis les années 60 ou de l'inaction par idéologie climatique des institutions internationales en matière d’industrialisation de l'Afrique subsaharienne. Que pourront répondre les grandes institutions ou ONG du climat aux 2 ou 3 milliards d’africains qui les sommeront de s’expliquer dans quelques années quant à leur politique. Souhaitons que les dirigeants des institutions prennent maintenant toute la mesure de leur responsabilité et des conséquences de leur dangereuse stratégie idéologique dite durable mais contre-productive en termes d’inclusivité et d’humanité.
Un modèle postcolonial d’aide pour le développement (APD) inefficace et dépassé
Ainsi que nous l’expliquions dans l’article « Afrique subsaharienne : le capitalisme pourrait réussir là où l’aide au développement échoue depuis 60 ans », il faut rompre progressivement avec un modèle d’aide publique au développement (APD) inefficient mais aussi souvent jugé paternaliste et anachronique à l’heure de la mondialisation. Il convient de privilégier des collaborations et synergies entre entreprises locales et internationales qui généreront davantage de dynamiques et initieront des cercles économiques vertueux propices à l’emploi et au progrès humain.
Créer des industries et agricultures tout en préservant au mieux l’environnement
Nous avons perdu beaucoup de temps depuis l’annonce des prévisions de la Banque Mondiale en 2018 qui peut faire craindre le pire. Aussi peut-être pourrait-il s’avérer utile de mettre en œuvre notre Programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne en moins de 20 ans.
Afin d’éviter une catastrophe humanitaire d’une ampleur jamais vue, il nous faut favoriser, aux côtés d’Etats impliqués, la création d’industries et agricultures tout en veillant cependant à préserver au mieux l’environnement et les écosystèmes locaux naturels de la faune et flore. La commercialisation des produits en Afrique mais aussi de nouveaux échanges, engendreront un essor économique de la région (Africa Atlantic Axis (AAA).
L’économie et le travail informels constituent une problématique africaine centrale qui sclérose le développement du continent mais la voie concrète que nous préconisons, facilitera la création de nombreux emplois directs, indirects et induits mieux rémunérés.
Sans un projet industriel subsaharien structuré, les poids lourds de l’économie ne viendront pas
La Chine a pu s’industrialiser en 20 ans parce que l’occident lui a généreusement apporté ses technologies et savoir-faire. 1er plan d’industrialisation d’envergure depuis 60 ans, à la fois réaliste et volontaire, notre concept propose de convaincre de grandes entreprises internationales d'installer des étapes de chaines de leurs valeur mondiales (CVM) dans des pays subsahariens. Il nous faudra pour cela organiser et synchroniser l'installation de nouveaux écosystèmes, réseaux locaux de fournisseurs et sous-traitants. Car sans projet subsaharien tel que celui que nous portons, structuré et susceptible d’appuyer les transferts de production ou de faciliter les implantations, les poids lourds de l’économie française ou mondiale qui produisent actuellement la plupart de leurs articles en Chine, ne viendront pas spontanément en Afrique subsaharienne. Aussi faut-il relever ce chalenge ensemble.
Francis Journot est consultant et entrepreneur. Il dirige le Programme industrialisation Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique et Africa Atlantic Axis. Il fait de la recherche dans le cadre d’International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale
Si l’Afrique subsaharienne ne crée pas d’industries manufacturières, la plupart des partenariats public-privé ne seront pas rentables
Afin d'attirer de nouveaux investisseurs, les institutions internationales prônent des partenariats public-privé « dérisqués ». Mais les Etats devraient compenser les pertes. Il faut donc un développement de l'industrie manufacturière des biens de consommation qui procurera des emplois et du pouvoir d'achat aux populations utilisatrices de services publics
L’Afrique subsaharienne est sous-équipée en services publics mais les projets infrastructurels impliquant des investissements privés accusent un recul depuis 2012. Afin d’attirer de nouveaux investisseurs, les institutions internationales prônent des partenariats public-privé « dérisqués ». Mais les Etats devraient compenser les pertes. Il faut donc un développement de l’industrie manufacturière des biens de consommation qui procurera des emplois et du pouvoir d’achat aux populations utilisatrices de services publics. Les budgets de certains États pourraient s’équilibrer et les industries consommatrices d’énergie ou d’autres infrastructures, participeraient considérablement à la rentabilité de ces nouveaux équipements.
Partenariats public-privé (PPP) pour financer des services publics et infrastructures
La Banque Mondiale est à l’initiative du projet "From Billions to Trillions" dévoilé en 2015 puis rebaptisé "Maximizing Finance for Development" en 2018. L’institution financière préconise des partenariats public-privé (PPP) afin de décupler la puissance des 150 milliards de dollars de prêts publics au développement que les banques multilatérales de développement (BMD) versent chaque année pour doper les investissements dans les services publics de pays sous-équipés.
Selon le FMI, le montant des opportunités d’investissements en matière de création de services publics en Afrique subsaharienne est estimé à « 20 % du PIB en moyenne d’ici la fin de la décennie » (PIB annuel de 2000 milliards de dollars environ). Lors du sommet France Afrique, le président français Emmanuel Macron a présenté un « new deal » déployé dans le cadre de l’Initiative France-Banque Mondiale et promu par l’Agence française de développement (AFD) pour intensifier le recours aux PPP en Afrique.
Les PPP dans des projets infrastructurels en Afrique subsaharienne sont en chute libre
Ainsi que le souligne la publication du FMI Comment attirer les fonds privés pour financer le développement de l’Afrique ? : « Le rôle restreint des investisseurs privés en Afrique est également manifeste sur le plan international : le continent n’attire que 2 % des flux mondiaux d’investissements directs étrangers ». Nombreux sont les pays africains qui veulent conclure des PPP pour installer des services publics mais Il est peu certain que les milliards escomptés affluent. Selon la base de données de la Banque mondiale, ces investissements sont en chute libre « En Afrique subsaharienne, les investissements dans les projets infrastructurels associant le secteur privé sont tombés de 15 milliards de dollars en 2012 à 5 milliards en 2019 ».
Plusieurs critiques à l’égard des partenariats public-privé dédiés aux services publics
L’article Intitulé « Le lourd tribut du « dérisquage » des financements infrastructurels » écrit sur Project Syndicate en 2018 par Howard Mann, conseiller principal en droit international à l'Institut international du développement durable, alertait déjà. Bien que ne doutant pas des bonnes intentions de la Banque mondiale, celui-ci écrivait à propos des financements par PPP : «de nombreux pays en voie de développement s’orientent aujourd’hui tout droit vers un scénario désastreux. Dans de nombreux cas, les risques pris en charge par les États s’étendent sur 20 à 30 ans. Pendant toute cette durée, les gouvernements seront confrontés à de sérieux défis dans la gestion des dépenses publiques, et subiront des coûts imprévus liés à des engagements hors comptabilité ainsi qu’à une dette excessive, ce qui soulève la possibilité d’un défaut sur tous les engagements de crédit ». En décembre 2020, dans l’article « La doctrine Macron en Afrique : une bombe à retardement budgétaire » publié par le Groupe d’Etudes Géopolitiques (GEG) de l’Ecole Nationale Supérieure (ENS), deux économistes, Daniela Gabor (auteure du livre The Wall Street Consensus, édité en 2020) et Ndongo Samba Sylla, dénonçaient les mêmes problématiques mais aussi l’influence des marchés financiers.
Le modèle économique importe au moins autant que le mode de financement des infrastructures
Alors certes ces risques sont réels et cela se vérifiera probablement lors de certains partenariats public-privé. Mais la plupart des Etats ne peuvent financer les travaux publics et souvent leurs économies respectives jugées peu « bankable », ne leur permettent guère d’émettre des obligations ou d’obtenir des prêts. Les PPP pourraient donc constituer des solutions si toutefois le développement économique est aussi au rendez-vous. Car le type de financement n’est pas l’unique paramètre. Le modèle de développement importe au moins autant. Si l’emploi informel qui concerne 85 % de la population subsaharienne demeure la règle, les revenus augmenteront peu. Mais dans le cas d’une forte industrialisation, la hausse de pouvoir d’achat, l’enrichissement des Etats et la consommation d’industries permettraient de rentabiliser les équipements et d’honorer les engagements signés.
Une efficience limitée des aides publiques et des investissements sans vision globale
La politique d’aide au développement de l’Afrique subsaharienne échoue depuis 60 ans. L’industrie de cette région s’articule surtout autour du secteur des matières premières et de la transformation des productions agricoles. Aujourd’hui, la plupart des biens de consommation sont importés de Chine. Aussi dans un environnement dépourvu d’écosystèmes industriels, les investissements désordonnés sont souvent vains. Le G7 promet 80 Mrds de dollars répartis sur cinq ans aux entreprises africaines mais quels que soient les montants, une stratégie est indispensable. Au lieu d’injecter ici et là, des capitaux sans cohérence d’ensemble, il conviendrait, afin d’éviter une déperdition d’efficacité et de rendement, de concentrer ceux-ci en amont de secteurs industriels porteurs d’emplois. Ainsi, en aval des millions d’autres d’emplois de services, indirects et induits se créeraient naturellement ensuite. En usant de tels mécanismes, les besoins en financements et subventions seraient moins colossaux.
L’industrialisation demeure la seule solution pour développer l’économie de l’Afrique subsaharienne
30 millions d’africains arrivent sur le marché du travail chaque année aussi faut-il accorder une priorité aux projets industriels. En effet, on observe habituellement dans les pays développés que chaque emploi industriel génère en moyenne 3 ou 4 autres emplois induits ou indirects mais dans des pays où tout est à construire, ce chiffre pourrait être encore multiplié par 2 ou 3. C’est pourquoi il serait pertinent de réunir d’abord les conditions de cette industrialisation en construisant les infrastructures nécessaires et en installant simultanément des parcs d’activités sectoriels pouvant accueillir des entreprises souvent occidentales qui partageraient des savoir-faire et constitueraient, aux côtes de nouvelles entreprises locales, des écosystèmes performants.
Associer des projets infrastructurels à un plan d’industrialisation de l’Afrique subsaharienne
Lors du G20 de 2017 à Hambourg, la chancelière Angela Merkel annonçait le programme Compact With Africa (CWA) qui concernait les entreprises allemandes et 12 pays d’Afrique dont 8 en région subsaharienne. 4 ans plus tard, il a sans doute permis des rapprochements mais semble au point mort.
Plus ambitieux, le projet «Africa Atlantic Axis» (AAA) ou «Plan de régionalisation de production Europe Afrique» s’adresse à des entreprises de toutes nationalités et offrirait ainsi d’importantes possibilités de développement aux entreprises africaines et de nombreux emplois. Celui-ci propose une industrialisation de l’Afrique subsaharienne dans le respect de l’environnement à partir de bases productives qui s’intègreraient au sein de chaines de valeur mondiales (CVM). Elles seraient d’abord implantées dans des pays de la façade atlantique ou proches de celle-ci afin de fluidifier les échanges avec l’Europe et les USA avant de s’étendre progressivement à tout le continent. D’autre part, l’augmentation raisonnable des salaires de production que nos études recommandent dans le cadre du projet «International Convention for a Global Minimum Wage», ferait reculer la pauvreté et permettrait ainsi à un nombre croissant d’africains d’avoir accès aux nouveaux services publics. En avançant de concert, projets d’industries manufacturières et PPP créant des services publics, se renforceraient mutuellement et favoriseraient ainsi leur viabilité.
Francis Journot est consultant et entrepreneur. Il dirige le Programme industrialisation Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique et Africa Atlantic Axis. Il fait de la recherche dans le cadre d’International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale
Tribune de Francis Journot : "Afrique subsaharienne : le capitalisme pourrait réussir là où l’aide au développement échoue depuis 60 ans"
Dans le contexte actuel, il serait hasardeux de diminuer le montant d'APD en Afrique subsaharienne au moment où la pandémie de Covid-19 aggrave l'extrême pauvreté. Une transition graduelle vers une autre politique de développement pourrait se révéler pertinente.
En 2019, le montant de l'aide publique au développement de L’Afrique (APD) atteignait 37 Mrds USD dont 31 affectés à la zone subsaharienne mais la misére pourrair demeurer. Selon une étude de la Banque Mondiale en 2018, cette part de l’Afrique concentrait le quart de l’extrême pauvreté mondiale en 1990, la moitié en 2015 et les projections indiquaient 90 % pour 2030. Si l’on en croit le dernier rapport « Africa’s Pulse » dévoilé le 7 Octobre 2020, la situation pourrait s’envenimer « La pandémie risque de faire basculer 40 millions d’Africains dans l’extrême pauvreté, effaçant au moins cinq années de progrès dans la lutte contre la pauvreté. ». Le président de la Banque Africaine de Développement (BAD) Adesina Akinwimi n’est pas plus optimiste « l’Afrique a perdu plus d’une décennie des gains réalisés en matière de croissance économique ». Diminution de budgets nationaux, fragilisation des régimes politiques et renforcement du terrorisme islamique, fuite vers l’UE d’une jeunesse africaine indispensable au développement du continent, pourraient compter parmi les conséquences.
Le débat autour du capitalisme et de l’aide au développement
Dès le début des années 60, l’agronome René Dumont a douté de l’efficacité de l’APD, puis des économistes dont Jean-François Gabas en 1988 ou William Easterly en 2001 se sont aussi interrogés. Professeur à Harvard au cours des années 80 et 90, Jeffrey Sachs aurait enseigné que « Le développement à long terme ne serait possible qu'avec la participation du secteur privé et des solutions d'économie de marché ». Son ancienne élève, l’économiste Dambisa Moyo, écrivait dans son bestseller couronné par le New York Times en 2009 « l’aide fatale : Les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique» : « Nous avons maintenant plus de 300 ans de preuves de ce qui fonctionne pour augmenter la croissance, réduire la pauvreté et la souffrance. Par exemple, nous savons que les pays qui financent le développement et créent des emplois grâce au commerce et à l'encouragement des investissements étrangers, prospèrent. » Des Chefs d’Etats partagent une part de l’analyse dont l’ancien président du Sénégal Abdoulaye Wade qui déclarait en 2002 : « Les pays qui se sont développés ont tous embrassé le libre-marché». Néanmoins, dans son ouvrage publié en 2005 « La fin de la pauvreté », le professeur émérite Jeffrey Sachs maintenant conseiller du Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, préconisait le doublement de l’APD dont son ex élève Dambisa Moyo dénonce précisément l’inefficience. Le sujet est complexe et personne n’a entièrement raison ou tort. Le débat qui promet de durer encore plusieurs décennies ne semble pouvoir remédier à la stagnation de l’Afrique. Il serait hasardeux de diminuer le montant d’APD en Afrique subsaharienne au moment où la pandémie de Covid-19 aggrave l’extrême pauvreté mais une transition graduelle vers une autre politique de développement pourrait se révéler pertinente.
L’économie informelle ne pourra jamais générer seule une croissance suffisante
La somme consacrée à l’APD en Afrique depuis 1960 dépasse, selon l’économiste Zambienne Dambisa Moyo, 1000 Mrds USD. Mais les actions locales des ONG montrent leurs limites et la nouvelle politique d’APD prônée depuis 2017 par le FMI en faveur de l’emploi informel pourrait se révéler insuffisante en termes de diminution des inégalités et de croissance. L’hétérogénéité d’une économie informelle en Afrique subsaharienne qui génère 20 à 65 % du PIB des États, est à prendre en considération mais il conviendrait de mettre également en œuvre une stratégie plus globale afin de gagner la course contre un appauvrissement et une catastrophe humanitaire qui menacent. Après une augmentation du PIB subsaharien de 2.4 % enregistrée en 2019, le FMI prévoit un repli qui avoisinera de 3.2 % dans cette région africaine dont la croissance par habitant est déjà la plus faible au monde. Une transformation de l’économie subsaharienne qui procurerait davantage de postes souvent mieux rémunérés que ceux du secteur informel totalisant actuellement plus de 80 % des emplois, s’avèrerait impérative pour offrir de réelles perspectives économiques. Pour absorber un chômage qui impacte 40 à 45 % des 15/24 ans dans un contexte de démographie subsaharienne galopante et réduire une extrême pauvreté (moins de 1.90 $/jour) qui touche plus de 150 millions de travailleurs subsahariens parmi 450, il serait indispensable que la croissance du très faible PIB subsaharien de 1755 Mrds USD (2019), augmente considérablement. Un taux de croissance nécessaire de 7 % pour faire reculer significativement la pauvreté, a souvent été évoqué au cours des années passées mais compte tenu des facteurs aggravants et de paramètres alarmants, le taux minimum à atteindre ne devra pas être inférieur à 8 ou 9 % pendant de nombreuses années.
Les emplois partis en Chine ne reviendront pas en Occident
Le développement de la Chine est un cas d’école. La délocalisation de la production depuis 30 ans des biens de consommation occidentaux est à l’origine du miracle économique chinois et de ses taux de croissance pendant vingt ans à partir du début des années 90, rarement inferieurs à 9 % et souvent supérieurs à 12, 13 ou 14 %. Ces emplois ne reviendront évidemment pas dans des pays occidentaux dont les salaires sont plus élevés mais Il ne faut pas non plus transformer l’Afrique en nouvel atelier du monde. Il convient plus simplement d’initier l’évolution industrielle et économique qui favorisera sa marche vers l’autonomie et le progrès.
Alors comment faire décoller l’économie subsaharienne ?
La volonté de nombreux Chefs d’Etats de moderniser et d’industrialiser leurs pays constitue certainement un préalable primordial mais le manque de financements et d’infrastructures, le temps long de l’industrialisation à partir de bases productives ou commerciales insuffisantes ou inexistantes, le besoin de réactivité au sein de chaines de valeur mondiales (CVM) constituent autant de difficultés à surmonter. De plus, les fonds empruntés, atteindraient des sommets et le surendettement des États accentuerait la pauvreté. Un Plan de régionalisation de la production en zone Europe Afrique qui prônerait une voie plus efficiente pourrait se révéler indispensable. Car à l’heure de la mondialisation, l’Afrique ne pourra réussir qu’en travaillant davantage avec les grands marchés de consommateurs dont les entreprises implanteraient sur son sol la fabrication de produits ou d’étapes de CVM d’une industrie manufacturière des biens de consommation pourvoyeuse d’emploi et de richesse mais aujourd’hui surtout installée en Chine. L’expansion de cette dictature arrogante qui menace de nombreux pays, est dangereuse. Il est urgent de restaurer certains équilibres mais aussi d’en créer de nouveaux afin de préserver la paix et la démocratie dans le monde ainsi que cela est suggéré dans la tribune "Réduire notre dépendance à la Chine, c'est possible" publiée sur le Figaro.
Le début d'une période de « Trente glorieuses » en Afrique ?
Il serait utopique de viser une industrialisation simultanée de plusieurs dizaines de pays d'Afrique dont les capitaux nécessaires seraient introuvables (pour exemple, le plan d'électrification de l'Afrique porté par l'ancien ministre français Jean Louis Borloo qui réclamait un financement de 250/300 milliards d'euros, a finalement été abandonné). Un premier plan d'une dizaine de milliards d'euros,étalé sur 3/5 ans, mais d'abord concentré sur un périmètre déterminé s'avérerait pragmatique. Ce programme de développement de l'industrie africaine pourrait s'initier à partir de pays situés sur la façade atlantique ou proches de celle-ci. Cette situation géographique permettrait en outre de faciliter les échanges avec les deux grands marchés de consommateurs que sont l'UE et les Etats-Unis. Les parcs d'activités modernes et sécurisés qui seraient financés par les institutions internationales et des pays souhaitant contribuer, accueilleraient les outils de production d'enseignes européennes, américaines ou non occidentales et souvent des PME locales. Pour exemple, plusieurs critères objectifs pourraient motiver l'implantation en République démocratique du Congo (RDC) d'un cluster industriel dédié à la fabrication d'éléments électroniques et à l'assemblage de produits numériques. Les processus d'intégration industrielle pourraient à terme, produire des écosystèmes complets et performants. L'industrialisation serait progressive, mais de nombreux entrepreneurs et chômeurs issus d'autres Etats bénéficieraient rapidement d'opportunités au sein d'un maillage dense d'entreprises. Au fil des ans, la prospérité s'étendrait et profiterait au plus grand nombre. Ce changement de paradigme pourrait ainsi marquer le début d'une période de « Trente glorieuses » en Afrique.
Francis Journot est consultant et entrepreneur. Il dirige le Programme industrialisation Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique et Africa Atlantic Axis. Il fait de la recherche dans le cadre d’International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale
L’industrialisation de l’Afrique subsaharienne devrait être un sujet prioritaire des sommets Afrique-France et Afrique-UE
Les sommets Afrique-France et Afrique-UE vont se tenir en 2021 mais les propositions généralement exposées s’avèrent peu adaptées aux enjeux. Le transfert en Afrique et en UE d’une part de la production des biens fabriqués en Chine, pourrait résoudre des problématiques.
Quand les travaux des sommets vont à l’encontre du développement de l’Afrique
Au moment où l’extrême pauvreté fait plus de ravages que jamais, une population qui compte parmi elle 250 millions d’habitants souffrant de malnutrition dans une Afrique quasiment dépourvue d’industrie et n’émettant que très peu de co2, pourrait majoritairement juger que des préconisations françaises, européennes ou internationales sont décalées et contre productives. La transformation numérique et la transition verte placées au premier rang des priorités, doivent certes être incluses mais ne constituent pas des solutions à part entière. On peut craindre que cette focalisation hors sol empêche un développement rapide de l’Afrique et ne permette pas un recul de la misère.
Croissance pour l’Afrique et ses partenaires
Il est maintenant temps de construire un paradigme efficient. L’installation d’infrastructures et d’outils industriels d’entreprises souvent occidentales puis la création de tissus d’entreprises locales, génèreraient en Afrique subsaharienne, des dizaines de millions d’emplois plus rémunérateurs que ceux du secteur informel. Cela moderniserait l’Afrique tout en offrant la possibilité à certains pays de s’extraire de la spirale du piège chinois de la dette africaine Les nouveaux échanges entre des Etats africains et leurs partenaires fréquemment Français, européens mais aussi américains ou parfois asiatiques dont le Japon, favoriseraient la croissance de chacun d’entre-eux. Une intégration industrielle concertée préserverait au mieux l’environnement.
De nombreux pays à travers le monde doivent maintenant comprendre que la Chine ne sera pas leur relais de croissance
Dans la plupart des pays développés, la consommation intérieure et les plans de relance mis en œuvre à l’occasion de la pandémie Covid-19, ne permettront pas d’augmenter durablement une croissance qui s’est réduite au rythme de la désindustrialisation et des délocalisations. Certes quelques entreprises occidentales de produits à haute valeur ajoutée (voitures allemandes ou luxe français) tirent leur épingle du jeu mais la Chine fabrique la plupart de ses propres biens de consommation et ne constituera pas le relais de croissance que les occidentaux attendent en vain depuis le transfert de leurs technologies. De plus, compte tenu de leurs coûts salariaux peu concurrentiels dans la mondialisation, les pays occidentaux ne verront pas de réindustrialisation massive et les emplois partis en Chine ne reviendront que rarement chez eux. Mais ainsi que nous l’avons déjà écrit dans Le Figaro, « Réduire notre dépendance à la Chine, c'est possible ! ».
Perspectives économiques d’un continent qui pourrait compter 2.5 milliards d’habitants en 2050
Des pays en panne de croissance souvent occidentaux doivent opter pour des solutions qui leur permettront de sortir de l’ornière. A la porte de l’Europe, un continent peuplé d’1.3 milliard d’habitants aujourd’hui et de 2.5 milliards en 2050. Les perspectives économiques sont énormes et pourraient générer de l’activité dans les pays dont les entreprises ressortissantes participeraient à l’industrialisation de l’Afrique. Des mécanismes de mutualisation et de péréquation de coûts du travail souvent élevés en occident et plus faibles en Afrique, recréeraient des équilibres et privilégieraient ainsi la pérennité ou la création d’emploi sur les deux continents.
Alignement des planètes pour développer l’Afrique, contenir la Chine et assurer de la croissance
La responsabilité de la Chine à propos de la propagation de la pandémie du Covid-19 qui a causé plus de 3 millions de morts et dévasté l’économie mondiale, a intensifié la méfiance de la communauté internationale à l’égard de celle-ci. Même si faute d’autres financements, quelques pays la sollicitent toujours, la quasi-totalité du monde est consciente de la nécessité de juguler la montée en puissance d’une Chine arrogante qui affiche clairement ses ambitions hégémoniques et parfois guerrières. Le piège infernal chinois de la dette africaine, la captation de terres rares ou agricoles et autres richesses du continent, menacent l’indépendance de pays africains. L’UE, bien que la signature de l’accord de principe UE-Chine sur les investissements puisse interroger, clame être à présent moins dupe. Le président des États-Unis Joe Biden affirme sa volonté de freiner l’expansionnisme chinois et renforce avec l’Inde, le Japon et l’Australie, le dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad). Et enfin, on peut espérer que la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, nouvelle directrice de l’OMC depuis le 1er mars 2021, soit moins laxiste que ses prédécesseurs envers la Chine qui en viole les règles.
Un projet qui répondrait à une attente de la jeunesse et pourrait remplacer progressivement l’APD
Fin 2020, dans un article publié sur La Tribune Afrique intitulé «Afrique subsaharienne: le capitalisme pourrait réussir là où ou l’aide au développement échoue depuis 60 ans », nous proposions de tourner progressivement la page de l’aide publique au développement dont le montant a dépassé 1000 Mrds de dollars mais n’a pas fait diminuer un emploi informel qui concerne encore 85 à 89 % de la population active subsaharienne. Des entreprises organisées offriraient des emplois mieux rémunérés. L’augmentation raisonnable des salaires minimum de production que nous prônons dans nos études relatives au projet International Convention for a Global Minimum Wage, contribuerait aussi à une élévation du niveau de vie des populations et accélérait le développement de l’Afrique. Cela pourrait répondre au souhait de nombreux africains qui voudraient mieux vivre de leur travail et rompre avec une assistance certes bienveillante et souvent indispensable mais qui renvoie une image négative qu’ils veulent changer. Le processus d’intégration industrielle augmenterait les ressources budgétaires des États, contribuerait à la sécurisation de territoires et réduirait les flux migratoires de l’immense continent dont la modernisation nécessiterait l’implication et l’énergie de sa jeunesse.
On peut transférer de la Chine à l’Afrique, une part de notre production industrielle
Seul un plan de régionalisation de production Europe Afrique, concret et structurant mais tenant compte aussi des nouveaux paramètres géoéconomiques et géopolitiques régionaux, pourrait réussir. Une implication financière de chacun des pays signataires qui souhaiteraient renforcer leur présence économique pour accroître leurs échanges avec l’Afrique dans le cadre du programme, s’avèrerait indispensable. Des entreprises originaires de ces États pourraient souvent bénéficier d’un accompagnement facilitant leur implantation (recrutement et formation, assistance juridique, fiscale et administrative, financements, études etc.) qui contribuerait aussi à une attractivité pour l’Afrique subsaharienne. Nous saurons bâtir les schémas industriels globaux au sein desquels elles pourront se projeter et qui les convaincront de déménager une part de leur production. Il conviendra de rechercher une complémentarité sectorielle pour constituer des écosystèmes performants et cohérents renforcés par des blockchains. Cette proximité permettra ainsi de réduire au sein de chaines de valeur mondiales (CVM), le transport de matières ou pièces.
Programme ciblé afin d’être efficient et aisément finançable
Le coût de construction des bases industrielles dont accès routiers, ferroviaires, aéroportuaires ou portuaires, fourniture énergie, réseaux télécommunications, travaux de voirie, gestion des déchets mais aussi dispositifs de sécurité, habitations, écoles, centre médicaux et commerces indispensables, seraient éligibles au financement par les grandes institutions internationales et pays donateurs dans le cadre du développement de l’Afrique. Le montant dépensé pour chaque site industriel qui sortirait de terre tous les 2 ou 3 ans, avoisinerait 3/5 Mrds euros.
Dessein qui pourrait fédérer
Hors d’un cadre protecteur comme celui préconisé, une industrialisation de l’Afrique, ferait des dégâts environnementaux irréversibles. Il conviendrait donc d’éviter la construction désordonnée d’une multitude de zones industrielles sans cohérence d’ensemble. A l’opposé de politiques ou de propositions économiques, internationales ou locales, souvent creuses et sans lendemain mais qui sclérosent depuis 60 ans le développement de l’Afrique subsaharienne, le programme Africa Atlantic Axis pourrait au contraire être mis en œuvre prochainement, si toutefois les populations des pays africains les plus concernés le souhaitent. Les institutions financières internationales ne pourraient que s’associer à ce projet de progrès pour l’Afrique. De nombreuses entreprises occidentales qui songent depuis plusieurs années à quitter la Chine, accepteraient de s’investir dans ce grand dessein.
Collaboration indispensable des deux continents
Le panafricanisme est souvent évoqué mais le temps de l’industrialisation est un temps très long. Rappelons que ce sont les transferts de technologies occidentales qui ont permis à la Chine de se développer considérablement en une vingtaine d’années. Les populations africaines qui peinent aujourd’hui à se nourrir, ne peuvent encore attendre un demi-siècle ou plus. Aussi convient-t-il d’être pragmatique. Il est assez peu probable que l’Afrique puisse prospérer en se privant de l’aide de l’Europe qui elle-même devrait s’appuyer sur l’Afrique pour générer à nouveau de la croissance.
Un modèle éthique pour une industrialisation raisonnée
Production plus locale et baisse du volume de transport de biens, application en Afrique du Salaire Minimum Mondial de production, qui permettrait à des parents d’envoyer leurs enfants à l’école, davantage d’éducation et hausse du niveau de vie qui induiraient à terme une modération de la natalité et iraient dans le sens d’une fabrication plus durable ainsi que d’une réduction des émissions mondiales de gaz à effets de serre, tels pourraient être quelques-uns des avantages du modèle.
Francis Journot est consultant et entrepreneur. Il dirige le Programme industrialisation Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique et Africa Atlantic Axis. Il fait de la recherche dans le cadre d’International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale
L’idéologie verte affaiblit l’industrie manufacturière en France et empêche l'industrialisation en Afrique subsaharienne
Le slogan de la réindustrialisation ne permet pas d’enrayer le déclin de l’industrie manufacturière dont la part dans le PIB de 10.2 % en 2016 chute à moins de 8 % et va encore reculer en raison des normes, de la décarbonation et du prix de l’énergie. S’il est impossible de remédier à cela, alors tentons au moins d’influer sur les flux de délocalisation de productions afin de mieux maitriser notre économie.
Une incompréhension du temps long de l’industrie et des processus industriels
Mardi 16 mai 2023, Bruno Le Maire faisait part des ambitions gouvernementales dans le cadre du plan « Industrie verte » : « Nous avons pour objectif de remonter la part de l'industrie dans le PIB de 10 à 15 % » et s’interrogeait : « De quoi avons-nous besoin pour construire une usine, avec des technologies dedans et des gens pour la faire tourner ». « D’abord du foncier, ensuite des capitaux et enfin de la formation. ». Quiconque a participé à un processus de production industrielle ou connait le long cheminement de l’industrialisation française, n’adhèrera pas à un discours plutôt démagogique qui préfère occulter les innombrables obstacles à la relocalisation de l’industrie manufacturière en France.
Parmi les autres mesures du projet de loi « industrie verte » en 13 articles qui sera proposé au parlement cet été, citons un crédit d’impôt « industrie verte » destiné à attirer des capitaux étrangers et pouvant atteindre 45 % des investissements engagés dans la production de batteries, d’éoliennes et panneaux solaires, inscrits dans le Clean Tech Act de Bruxelles. Pourtant, le bilan environnemental et la nocivité des batteries électriques, panneaux solaires ou des éoliennes qui massacrent l’avifaune et condamnent pour toujours des sols fertiles ou des écosystèmes marins, en versant des milliers de tonnes de bétons, sont connus. Leurs promoteurs ignorent comment les recycler et par ailleurs ferment les yeux sur les conditions de travail d’enfants chargés de recueillir pour quelques euros et au péril de leur vie, de grandes quantités de ressources minières. Aussi n’est-il pas certain que l’industrie et l’énergie dites vertes et imposées par l’UE soient moins sales et plus vertueuses que les énergies fossiles.
L’industrie manufacturière des biens de consommation était auparavant composée d’une multitude d’entreprises qui formaient ensemble des écosystèmes industriels complets disséminés sur l’ensemble du territoire français mais s’étaient constitués en plus d’un siècle. On peut toujours relocaliser quelques productions dont l’assemblage de pièces importées serait robotisé en France mais on ne peut pas parler de réindustrialisation. Quelques relocalisations ne compenseront pas le départ d’usines soumises à des normes françaises sans équivalant dans le reste du monde ainsi qu’à un coût de l’énergie en hausse pendant que d’autres pays industrialisés ouvrent chaque an des centaines de centrales à charbons et gaz.
L’affaiblissement du PIB industriel aggrave les déficits publics
En 2017, la part de l’industrie dans le PIB affichait 12.6 % dont 10.2 % de part manufacturière. Bruno Le Maire annonce un montant actuel de 10 % de PIB industriel. Si l’on souhaite cerner l’état et la nature de notre industrie pour mieux appréhender la difficulté de réindustrialiser, il nous faut, à partir de ce chiffre, soustraire 20 % constitués en moyenne par l’industrie extractive mais aussi 20 % correspondant au secteur agroalimentaire moins structurant et qui exige généralement moins de technologies, de recherches et dépôts de brevets que la construction d’automobiles ou de centrales nucléaires. Aussi peut-on évaluer aujourd’hui le PIB industriel manufacturier hors agroalimentaire autour de 6 %.
L’hécatombe se poursuit avec les 130 rachats d’entreprises stratégiques par des étrangers en 2022 et la fermeture à terme de plusieurs centaines de leurs sous-traitants situés dans l’hexagone mais aussi bientôt la mise à mort de l’industrie automobile thermique française qui était le dernier des grands secteurs de l’industrie manufacturière des biens de consommation après l’agroalimentaire. Il est à craindre que la décarbonation à marche forcée de l’industrie de produits manufacturés fasse encore perdre 1 à 2 points de PIB industriel d’ici la fin du mandat d’Emmanuel Macron et ne creuse davantage les déficits publics.
3 000 milliards d’euros d’endettement, une baisse du nombre de cotisants aux régimes sociaux au rythme de la désindustrialisation, la faillite des services publics impuissants face à des urgences sanitaires, l’insécurité et l’immigration. Pauvreté et nombre croissant d’allocataires du RSA et de bénéficiaires des aides alimentaires, toujours plus de sans-abris etc.
Quelles solutions pour sortir de cette impasse économique ?
Il est évidemment impossible de reconstruire la France industrielle des années 70 ni même, à ce stade de désindustrialisation et à la fin d’un cycle, de réindustrialiser significativement notre pays. J’expliquais ce mécanisme des cycles dans le magazine Marianne : « les économies suivent généralement le même cheminement agricole, industriel puis des services. Ainsi, les pays les moins développés dont ceux d’Afrique subsaharienne, ne peuvent enjamber une progression des cycles, de même que les pays anciennement industrialisés se heurtent à un effet cliquet post-industriel qui empêche un parcours inverse. ». Il n’y aura sans doute pas de réindustrialisation au sens propre. Aussi convient-il d’élaborer maintenant un modèle qui permette à des entreprises françaises de bénéficier de nouvelles marges de manœuvre en termes de pondération de coûts de production mais aussi de nouveaux marchés.
Par ailleurs, sur le continent voisin, la mise en œuvre d’un programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne en moins de 20 ans, s’avère indispensable et urgente. Car 9 personnes vivant dans l'extrême pauvreté sur 10 vivront en Afrique subsaharienne en 2030 et sa population passera d'1 milliard d'habitants à 2 en 2050 puis 4 en 2100.
Alors si l’on considère d’une part, que les produits français sont rarement compétitifs dans le contexte de mondialisation mais qu’on ne peut installer des mesures protectionnistes interdites par les traités de libre-échange de l’UE et que d’autre part, l’Afrique subsaharienne doit s’industrialiser pour éviter un chaos humanitaire sans précèdent mais pourrait cependant offrir des coûts concurrentiels dans des industries manufacturière à forte main d’œuvre, il pourrait dès lors s’avérer pertinent de nouer de nouveaux partenariats industriels.
De nombreuses entreprises françaises qui disposent de savoir-faire et technologies mais souhaitent réduire leur dépendance envers la Chine, accepteraient de transférer une part de leurs chaines de valeur mondiales vers l’Afrique subsaharienne pour élargir leurs marchés. Nous pourrions nous appuyer sur l’atout de la francophonie et sur une forte diaspora riche d’une jeunesse souvent ambitieuse dont des membres diplômés et volontaires nous ont fait part de leur désir de s’investir dans un vrai projet de développement de l’Afrique subsaharienne. Cela permettrait de restaurer une relation mise à mal par de nouveaux acteurs économiques ou prédateurs. Les échanges profiteraient à nos économies respectives.
Francis Journot est consultant et entrepreneur. Il dirige le Programme industrialisation Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique et Africa Atlantic Axis. Il fait de la recherche dans le cadre d’International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale
L’Afrique subsaharienne va-t-elle se laisser confisquer son industrialisation au nom du climat ?
L’Afrique subsaharienne pourrait construire une importante industrie manufacturière de biens de consommation. Cela permettrait ainsi de répondre à une demande intérieure croissante et d’exporter une valeur ajoutée qui lui procurerait les moyens de financer ses infrastructures. Mais les Objectifs de développement durable (ODD) semblent aller à l’encontre de l’essor de l’Afrique subsaharienne.
De nombreuses conditions sont réunies pour construire une industrie manufacturière
Parmi celles-ci, citons des salaires concurrentiels même s’il faut, ainsi que le préconise notre projet International Convention for a Global Minimum Wage, en finir avec des conditions indignes. Par ailleurs, des pays d’Europe connaissent, hors agroalimentaire, une fin de cycle industriel dans de nombreux secteurs mais ne veulent pas augmenter leur dépendance à la Chine. Cela peut offrir de nombreuses opportunités à l’Afrique subsaharienne. J’expliquais le phénomène des cycles dans le magazine Marianne : « Les économies suivent généralement le même cheminement agricole, industriel puis des services. Ainsi, les pays les moins développés dont ceux d’Afrique subsaharienne, ne peuvent enjamber une progression des cycles, de même que les pays anciennement industrialisés se heurtent le plus souvent à un effet cliquet post-industriel qui empêche un parcours inverse. » Ajoutons à cela, le dynamisme de sa démographie et une jeunesse volontaire de plus en plus diplômée voulant s’investir. Les besoins d’équipement des ménages seront croissants et la construction d’une industrie manufacturière de biens de consommation est indispensable. Elle procurerait d’innombrables perspectives en termes d’emplois et de prospérité.
Mais les objectifs de développement durable (ODD) empêchent l’industrialisation de l’Afrique
Dans un article publié dans le journal Le Figaro en 2021, j’écrivais déjà : « L'approche des Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l'ONU pour 2030 au premier rang desquels figurent l'extrême pauvreté et la faim, est holistique. Mais les 17 objectifs voulus indivisibles et transversaux, s'opposent souvent entre eux. Ainsi le financement de projets uniquement lorsqu'ils répondent aux critères verts, durables ou numériques, va empêcher l'émergence d'une industrie manufacturière des biens de consommation et abandonner de nombreuses populations à leur sort. ». Clairement, la politique dite durable va à l’encontre de l’inclusif, de la diminution de l’extrême pauvreté et de la malnutrition.
Energies fossiles : deux poids, deux mesures
Alors que la Chine, l’Inde, les USA et l’UE continuent d’ouvrir des centaines de centrales à charbon et à gaz, il peut sembler peu équitable ou abusif d’empêcher l’Afrique subsaharienne dont le CO2 représente moins de 2% des émissions mondiales, d’utiliser quelques-unes de ses ressources indispensables au développement de son économie. Il faut certes avant tout préserver au mieux l’environnement dont la faune et la flore mais nul ne souhaite transformer l’Afrique subsaharienne en gigantesque usine du monde. Aussi faut-il trouver une juste mesure afin que celle-ci puisse produire au moins une part de ses biens de consommation et exporter de la valeur ajoutée pour obtenir une croissance suffisante, financer son progrès et répondre aux besoins de ses populations.
Après l’échec des politiques passées, il faut un cadre clair et pragmatique, structuré et structurant
La politique postcoloniale d’Aide publique au développement (APD) dont le montant avoisine 1500 Mrds de dollars en 60 ans, a échoué. De même, on cherche en vain la réussite du PAL (Plan d’Action de Lagos) mis en œuvre en 1980 par l’OUA ou une avancée concrète de l’Agenda pour 2063 écrit par l’UA lors de l’Accord de Paris sur le climat en 2015 (COP 21) et s’appuyant surtout sur la politique plus idéologique qu’économique des ODD. Si l’on en croit IndustriALL Global Union qui regroupe 50 millions de travailleurs, « D'innombrables stratégies d'industrialisation de l'Afrique ont été adoptées, depuis l'Agenda 2063 de l'Union africaine, et ce, du niveau continental jusqu'aux politiques industrielles nationales, mais le décollage ne se produit pas ».
En 2018, la Banque Mondiale dévoilait la probabilité d’une région subsaharienne qui concentrera 90 % de l'extrême pauvreté mondiale en 2030. Aussi est-il urgent d’appliquer un programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne en moins de 20 ans. Afin d’économiser plusieurs années et des centaines de milliards d’euros d’investissement en recherche et développement (R&D), structuration industrielle etc., nous devons aller nous-mêmes démarcher et convaincre, schémas de process de production à la main et projections financières à l’appui, les grandes entreprises qui produisent aujourd’hui en Chine, d’inclure l’Afrique subsaharienne dans leurs étapes de chaînes de valeur mondiales (CVM). Notre vision à 360° permettra d'engager simultanément l’ensemble des actions dont recherche d'investisseurs et constitution de fonds financiers, organisation d'infrastructures et de complexes industriels, formation, mais surtout une communication qui génèrera une dynamique mondiale et fédèrera autour de ce grand dessein pour l’Afrique.
Francis Journot est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne en moins de 20 ans ou Plan de régionalisation de production et Africa Atlantic Axis. Il fait de la recherche dans le cadre d’International Convention for a Global Minimum Wage
Macron en Afrique subsaharienne : pour quoi faire ?
Emmanuel Macron veut refonder des liens avec des pays d’Afrique subsaharienne mais n'apporte guère de solutions capables de répondre aux préoccupations économiques de la jeunesse africaine.
La Chine s’est développée en 20 ans parce que les occidentaux ont apporté leurs industries. Ainsi que nous le prônons dans notre programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne en moins de 20 ans, nous devons aller nous-mêmes démarcher et convaincre, schémas de process de production à la main et projections financières à l’appui, les grandes entreprises qui produisent aujourd’hui en Chine, d’inclure l’Afrique subsaharienne dans leurs étapes de chaînes de valeur mondiales (CVM). Puis faciliter leur implantation en organisant des écosystèmes locaux tout en préservant scrupuleusement l’environnement etc. La méthode qui produira rapidement des effets, sera dix fois moins onéreuse que celle de l'AFD pour infiniment plus de résultats probants. Pour financer notre structure qui devra donc s’entourer de plusieurs centaines d’ingénieurs impliqués dans la construction en moins de 15/20 ans du nouveau paradigme, il suffira de rediriger vers celle-ci, des budgets actuellement peu efficaces en termes de développement et d’industrialisation de l’Afrique. Une réappropriation de productions chinoises, des mécanismes de péréquation ou de mutualisation des coûts, des collaborations et économies d’échelle, repartis sur les 2 continents et au sein de nouveaux modèles d’intégration verticale, permettront à des entreprises d’augmenter leur compétitivité. A terme, plusieurs centaines de milliards d’euros de nouveaux échanges pourraient rééquilibrer des balances commerciales déficitaires dont celles de la France et de pays d’Afrique mais aussi d’Europe. Francis JOURNOT
Il faut lutter pour l'industrialisation de l'Afrique mais le décollage ne se produit pas IndustriALL Union
Malgré les stratégies de l'Agenda 2063 de l'Union Africaine (UA), le développement ne se produit guère : "D’innombrables stratégies d’industrialisation de l’Afrique ont été adoptées, depuis l’Agenda 2063 de l’Union africaine, et ce, du niveau continental jusqu’aux politiques industrielles nationales, mais le décollage ne se produit pas " IndustriALL Global Union représente 50 millions de travailleurs dans 140 pays. .
Après l’échec du Plan d'action de Lagos (PAL) de 1980, l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) créé en 2015, échoue aussi
Le Plan d’action de Lagos (PAL) a été signé en avril 1980 par les chefs d'États africains de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). De multiples causes ont certes contribué à son échec, mais il convient surtout de s'interroger à propos d'un projet d'industrialisation qui, bien que l'Afrique subsaharienne ne disposait que de peu de bases industrielles ni d'echosystemes sur lesquels fonder un développement endogène, visait cependant une indépendance économique régionale pourtant impossible à bâtir en quelques années. Car n'oublions pas que la Chine à pu développer son industrie en 20 ans parce que les occidentaux ont apporté leurs technologies et savoir-faire industriels.
Mais les rédacteurs de l'Agenda 2063 de l’Union africaine, version modernisée du plan d'action de Lagos, semblent avoir reproduit les mêmes erreurs 35 ans plus tard. L'enlisement dès les premières années du projet de l'UA était très prévisible d’autant que le dogme du climat et du durable va résolument à l’encontre du développement industriel.
A défaut d'autre projet officiel, les institutions internationales affirment encore soutenir l’Agenda 2063 de l’UA tout en sachant que son échec, en termes de développement et de création d'emploi, est déjà avéré. Prôner le développement du durable et TIC est utile mais ne suffit pas pour sortir de l'économie informelle et fournir chaque an des emplois aux 20 millions de subsahariens qui arrivent sur le marché du travail.
L'approche des Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l'ONU pour 2030 au premier rang desquels figurent l'extrême pauvreté et la faim, est holistique.
Mais les 17 objectifs voulus indivisibles et transversaux, s'opposent souvent entre eux. Ainsi le financement de projets uniquement lorsqu'ils répondent aux critères verts, durables ou numériques, va empêcher l'émergence d'une industrie manufacturière des biens de consommation et abandonner de nombreuses populations à leur sort. Francis Journot
Tribune de *Francis Journot: «Il faut transférer de la Chine à l’Afrique, une part de la production industrielle »
Ce changement de paradigme mondial permettrait de moderniser l’Afrique et offrirait à certains pays la possibilité de s’extraire de la spirale du piège chinois de la dette africaine pour ainsi préserver leur souveraineté. L’installation d’infrastructures et d’outils industriels d’entreprises souvent occidentales ainsi que la création d’un important tissu d’entreprises locales, génèreraient sur le sol africain, des dizaines de millions d’emplois plus rémunérateurs que ceux du secteur informel.
Réduire notre dépendance à la Chine, c'est possible!
Tribune de Francis Journot - Peut-être pourrions-nous, afin de résoudre notre problématique de croissance au cours des années à venir mais aussi en même temps contribuer au recul de la pauvreté dans un continent proche qui connaît une démographie exponentielle, réfléchir à un modèle élargissant notre coopération avec celui-ci.
La Chine pervertit plus qu’elle n’enrichit le continent africain
Aujourd'hui, la Chine compte mettre la main sur cet énorme réservoir de matières premières. Mais elle pervertit plus qu’elle n’enrichit ce continent en le submergeant de produits low cost provenant d’Asie et précarise davantage ainsi des artisans ou des petites entreprises qui fabriquaient des produits locaux. Les usines créées appartiennent à des sociétés dépendantes de Pékin dont les contremaîtres chinois dirigent durement des ouvriers comptant parmi les plus mal payés au monde. Ces bas niveaux de rémunération permettent ainsi à la Chine d’inonder les pays occidentaux de produits bas de gamme sans que les peuples africains y trouvent leur compte en matière d’avancées sociales. Mais cette colonisation rampante de plus en plus mal vécue, suscite de l’amertume.
Davantage d’autonomie industrielle
Il est indispensable que l’Afrique se dote des moyens d’assurer la subsistance de sa population tout en prenant garde de préserver sa faune et sa flore. De nombreux ingénieurs souhaitant un essor de l’Afrique et du Maghreb accueilleraient avec enthousiasme ce projet transcontinental de création de co-entreprises au sein de clusters sectoriels. Ces nouveaux outils de production qui s’intègreraient d’abord dans des chaines d’approvisionnement européennes, favoriseraient le développement économique des pays et auraient vocation à leur faciliter l’accès à davantage d’autonomie industrielle. Le coût de l’installation des usines serait assuré par les enseignes ou marques destinataires des productions. Les entreprises, organisées en collectifs, pourraient ainsi bénéficier d’une mutualisation des coûts mais aussi d’une modularisation des productions dans certains secteurs. Ces activités procureraient de nouvelles opportunités locales à de jeunes générations aujourd’hui tentées par l’immigration vers l’Europe. Des fonds jugés inefficients parmi ceux alloués aujourd’hui au développement et au soutien des pays, pourraient être réorientés vers la construction des infrastructures nécessaires qui profiteraient ainsi à tous car il semble plus pertinent d’investir en amont en créant de l’emploi et en générant une augmentation du niveau de vie local plutôt qu’agir continuellement en aval. En effet, l’assistance certes bienveillante et souvent indispensable renvoie cependant une image que ce continent souhaite effacer pour changer la perception du monde et progresser. Des groupements de sociétés rentables et en croissance attireraient certainement des capitaux mondiaux qui abonderaient ensuite les nouveaux projets et accompagneraient l’expansion du modèle à travers le continent pour en faire peut être un nouvel eldorado.
Une hausse du niveau de vie en Afrique encouragerait l'éducation des enfants, l'émancipation des femmes et à terme, une réduction de la natalité
Ce partenariat prolifique pour l’Afrique le serait aussi pour l’Europe qui a besoin de nouvelles perspectives. La mise en œuvre du projet réclamerait le concours de nombreuses sociétés expertes en engineering industriel, énergie, construction, numérique, formation dans les nombreux secteurs, ressources humaines etc… Le nombre de postes à cheval sur les deux continents serait considérable. La France a conservé des liens privilégiés avec la plupart des pays et aurait une carte importante à jouer. Subséquemment, le continent africain pourrait à terme constituer pour l’Europe, un nouveau relais de croissance qui comblerait un affaissement de la demande chinoise d’autant que celui-ci compte autant d’habitants que la Chine. Leur pouvoir d’achat n’est pas comparable mais souvenons-nous qu’à l’aube de ce millénaire, le PIB chinois par tête était semblable à celui de la plupart des pays africains qu’elle a aujourd’hui entrepris de coloniser. Il est difficile d’appréhender toute la dimension d’un tel projet de régionalisation tant les implications et possibilités sont multiples en termes d’emplois et de création de richesse. Les prévisions démographiques annoncent un doublement de la population africaine d’ici trente ans mais on peut penser qu’une hausse du niveau de vie encouragerait l’éducation des enfants, l’émancipation des femmes et à terme, une réduction de la natalité. Une augmentation raisonnable et évolutive des salaires mensuels de production variant aujourd’hui le plus souvent entre 35 et 200 euros, pourrait accélérer cette mutation sociologique. Il serait donc possible de construire une alternative à la dépendance chinoise. Pourquoi se résoudre à un maintien de nos industries en Chine favorisant une hégémonie qui entravera nos libertés et nous exposera certainement tôt ou tard au risque d’une guerre mondiale alors qu’une régionalisation des échanges nous procurerait l’opportunité de consommer moins mais mieux sans pour autant, compte tenu de la concurrence internationale, faire flamber les prix et nous offrirait de surcroît, une dynamisation économique et la création de millions d’emplois au moment où le chômage fait des ravages en Europe tout en permettant au continent voisin d’accéder à davantage de progrès social.
"Un nouveau schéma économique est possible", argumente Francis Journot
Les économies suivent généralement le même cheminement agricole, industriel puis des services. Maintenant, l’économie quaternaire ou numérique se nourrit de services dont l'uberisation mais aussi d’interdépendances et d’interactions avec les stades primaires et secondaires qui ont structuré les économies de pays. Ainsi, les pays les moins développés dont ceux d’Afrique subsaharienne, ne peuvent enjamber une progression des cycles, de même que les pays anciennement industrialisés se heurtent le plus souvent à un effet cliquet post-industriel qui empêche un parcours inverse. Notre programme propose depuis 2020, un transfert de chaines de valeur mondiales (CVM) souvent installées en Chine. Cette stratégie favoriserait le développement de l’Afrique subsaharienne tout en procurant de nouvelles perspectives et de la croissance à nos entreprises industrielles et à l’économie française ou européenne.
Francis Journot : «La France doit devenir la locomotive de l'UE en matière d'industrie»
Le protectionnisme est impossible dans le cadre de l’UE et nous subissons la mondialisation. Mais nous pourrions, en usant de la puissance d’une vaste régionalisation, bâtir un paradigme efficient ainsi que précédemment exposé dans le Plan de régionalisation de production Europe Afrique. En élargissant le spectre de l’offre et de la demande selon une méthodologie stratégique, des mécanismes de péréquation pourraient permettre de restaurer de la compétitivité en France et de redynamiser ainsi certaines activités industrielles tout en en générant de nouvelles, tertiaires ou industrielles. Initiatrice et organisatrice de cet immense chantier, la France pourrait devenir la locomotive de l’UE.
Francis Journot: «Si l'Europe n'aide pas l'Afrique subsaharienne à s'industrialiser, l'immigration explosera»
La Communauté mondiale fait bonne figure en finançant des ONG et en distribuant l’aumône. Mais l’industrie et l'économie de l’Afrique subsaharienne se dégradent depuis 60 ans. Pour exemple, en République Démocratique du Congo (RDC), de 9600 entreprises industrielles héritées de la colonisation belge, le nombre est passé à 507 récemment recensées. Pourtant, la main d’œuvre abondante et les salaires inférieurs à ceux de pays occidentaux, présentent un avantage compétitif susceptible d’attirer des investissements. La construction d’une industrie manufacturière qui produirait ses propres biens de consommation créerait de l’emplo, ferait reculer l’extrême pauvreté et la faim. L’avantage concurrentiel permettra d’exporter.
Comment transformer l'Afrique subsaharienne en Eldorado
Monsieur Journot, comment avez-vous eu l’idée du programme pour l’industrialisation de l'Afrique subsaharienne en moins de 20 ans ?
Le programme pour l'industrialisation de l'Afrique subsaharienne en moins de 20 ans n’est pas à proprement parler juste une idée mais résulte plutôt du cheminement de mes travaux économiques entrepris en 2010 à propos de la désindustrialisation de l’hexagone. J’avais fait le constat de la disparition de pans entiers de l’industrie française et de la disparition de tissus industriels vers 2005 alors que l’une de mes activités professionnelles m’avait conduit à travailler avec des façonniers textiles des régions de Roanne et Troyes dans le cadre d’une marque de vêtements « made in France » vendue surtout à New-York. Les sous-traitants qui ne pouvaient lutter contre la concurrence étaient placés en liquidation judiciaire et disparaissaient les uns après les autres. Un rapport commandé par l’Etat français révélait que la filière de la façon ne comptait plus que 6 000 employés fin 2008 et perdait jusqu’à 1 000 emplois par an.
Pour alerter sur la désindustrialisation et le risque de voir la balance commerciale française atteindre un jour des déficits record ainsi que c’est évidemment le cas maintenant, j’ai écrit plus de 150 tribunes et analyses publiées sur Marianne, Le Figaro, entreprendre etc., fédéré plusieurs dizaines de milliers d’abonnés sur mes réseaux sociaux consacrés à cette cause mais aussi travaillé à l’élaboration d’un concept d’industrialisation détaillant en cent pages, un modèle d’intégration verticale applicable dans de nombreux secteurs industriels puis un autre en 2016 reprenant les mêmes principes de mécanismes de péréquation et de mutualisation de coûts mais offrant aussi un mode de financement inédit impliquant l’Etat qui en recueillerait les fruits, dévoilé pour l’occasion dans un article de 12 pages sur le Figaro.
En quoi votre expertise économique et l’expérience française de la désindustrialisation peuvent servir l'industrialisation de l'Afrique subsaharienne ?
Pour industrialiser l’Afrique subsaharienne, il faut appréhender le phénomène des cycles. Pour résumer mon propos précèdent, la France a passé son tour en termes d’industrie manufacturière des biens de consommation. On peut toujours relocaliser quelques industries robotisées mais cela ne créera que peu d’emploi. Dans mon article sur Marianne à propos des obstacles à la réindustrialisation, j’expliquais que « Les économies suivent généralement le même cheminement : agricole, industriel puis celui des services. Maintenant, l’économie quaternaire ou numérique se nourrit de services avec l'ubérisation mais aussi d’interdépendances et d’interactions avec les stades primaires et secondaires qui ont structuré les économies de pays. Ainsi, les pays les moins développés dont ceux d’Afrique subsaharienne, ne peuvent enjamber une progression des cycles, de même que les pays anciennement industrialisés se heurtent le plus souvent à un effet cliquet postindustriel qui empêche un parcours inverse. » A la fin de cette tribune, j’écrivais que la France dispose de l’atout de la Francophonie et de liens uniques avec un continent africain aux portes de l’Europe qui pourrait compter 2 milliards d’habitants en 2050. On peut convaincre des entreprises françaises, européennes ou américaines de transférer en Afrique subsaharienne, une part de leurs chaînes de valeurs mondiales (CVM) installées en Chine. Cette stratégie favoriserait le développement de cette région tout en procurant de nouvelles perspectives et de la croissance à nos entreprises industrielles et à l’économie française ou européenne.
Est-ce qu’il y a d’autres enseignements à tirer ou d’autres similitudes entre la France et l’Afrique ?
Dans un édito en mars 2023 sur Valeurs Actuelles, j’exposais « La communication ou la politique industrielle française dans l’hexagone et en Afrique sont semblables. Bien que n’empêchant guère la désindustrialisation, le gouvernement se targue de vouloir réindustrialiser la France tandis qu’en Afrique, il prône l’industrialisation tout en réservant les financements aux projets écologiques ou les moins industriels qui ne créent que peu d’emplois directs, indirects et induits. » Les Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par l’ONU en 2015, régissent maintenant les politiques industrielles de pays développés qui acceptent d’appauvrir leurs économies et leurs populations ou celles de pays en développement et émergents comme ceux d’Afrique subsaharienne qui ne peuvent ainsi s’industrialiser et se développer pour satisfaire aux nouvelles exigences dites durables et climatiques.
Les débats sur l’immigration africaine font florès actuellement en France et en Europe. Comment votre projet pourrait contribuer à une diminution de la démographie et de l’immigration ?
Pour mieux illustrer le long parcours du projet, je vais vous citer ma première réflexion en la matière, publiée sur Le Figaro en juin 2020 : « Les prévisions démographiques annoncent un doublement de la population africaine d’ici trente ans mais on peut penser qu’une hausse du niveau de vie encouragerait l’éducation des enfants, l’émancipation des femmes et à terme, une réduction de la natalité. » Il est de même probable que le nombre de candidats à l’immigration légale ou illégale diminuera quand l’industrialisation transformera l’Afrique subsaharienne en nouvel Eldorado.
Dans plusieurs tribunes, vous dénoncez l’échec de la politique mondiale d’Aide publique au développement (APD) et de l’Agence Française de Développement (AFD)
En France, le budget global de l’AFD dont la moitié est généralement consacrée à l’Afrique, atteint 15 milliards d’euros en 2023. L’Afrique a bénéficié de 1500 milliards de dollars d’Aide publique au développement (APD) en un peu plus de 60 ans mais le développement de l’Afrique subsaharienne ne s’est jamais concrétisé. Aussi est -il temps de changer une politique post-coloniale mal perçue par des Africains qui préfèrerait que l’on développe des partenariats commerciaux d’envergures internationales et une vraie industrie manufacturière de biens de consommation.
Le PAL (Plan d’Action de Lagos) de 1980 et l’Agenda pour 2063 initié en 2015, ne semblent pas avoir produit de résultats probants. Pourquoi pensez-vous que votre projet pourrait réussir ?
Le programme pour l'industrialisation de l'Afrique subsaharienne en moins de 20 ans est un projet cadre, réaliste et concret, de nature à répondre aux inquiétudes africaines. L’article « Pour éviter un chaos humanitaire, l’Afrique subsaharienne doit s’industrialiser en moins de 20 ans », publié le mois dernier dans la Tribune Afrique, soulignait cette urgence. Alors certes un tel plan de développement est attendu depuis plusieurs décennies par des centaines de millions d’Africains dont les travaux journaliers dans l’économie informelle ne permettent pas de nourrir leurs familles. Lors de sa publication, le projet a été republié sur plusieurs dizaines de media africains populaires. Mais il y a aussi une jeunesse africaine cultivée et diplômée parfois proche de chefs d’Etats ou travaillant dans des institutions internationales et africaines, consciente des réalités économiques régionales. Parmi elle, cadres, ingénieurs et économistes m’ont souvent fait part d’une volonté de s’investir dans cet ambitieux dessein.
Alors quel est le principal point d’achoppement ?
Le programme fera certainement une quasi-unanimité parmi les Africains mais le principal obstacle à sa réalisation, demeure une forme de terrorisme intellectuel qui impose une pensée idéologique climatique surtout occidentale et réserve les financements et subventions aux projets dits durables ou numériques qui ne créent pourtant pas suffisamment d’emploi. Cela empêche donc l’émergence d’une industrie manufacturière africaine des biens de consommation. Selon la Banque Mondiale " pour 2030, les prévisions indiquent que 9 personnes vivant dans l'extrême pauvreté sur 10 vivront en Afrique subsaharienne ". Sa population passera d'1 milliard d'habitants à 2 en 2050 puis 4 en 2100. Le risque de catastrophe humanitaire jamais vue se rapproche et de plus en plus nombreux sont les chefs d’Etats et responsables d’institutions internationales et africaines qui examinent mon projet avec intérêt.
Francis Journot est consultant et entrepreneur. Il dirige le programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique et Africa Atlantic Axis. Il fait de la recherche dans le cadre d’International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale
Tribune de *Francis Journot: "La Chine est responsable de la pandémie Covid-19 et devrait annuler la dette de l’Afrique"
La responsabilité, au moins morale, de la Chine dans la propagation de la pandémie du Covid-19 ne fait aucun doute ainsi que je le démontrais en avril 2020 dans ma tribune sur Le Figaro : «Nous devrons exiger de la Chine une réparation du préjudice subi». Le régime chinois a caché la vérité et permis la propagation d’un coronavirus qui aurait pu être éradiqué avant qu’il ne sorte de la ville de Wuhan et de la Chine.
La France accroît encore son aide publique au développement
Le projet de loi de finances 2023 augmente les crédits alloués à l'aide publique au développement (APD). Les feux sont au vert puisque l'Agence francaise de développement (AFD) a doublé son activité entre 2016 (7 milliards d'euros) et 2019 (14 milliards). L'aide totale devrait dépasser cett année les 15 milliards d'euros.
Environnement : un salaire minimum mondial pourrait réussir là où les COP ont échoué
Francis Journot fait le constat de l'échec des COP, qui n'ont pas su endiguer les effets dévastateurs de la mondialisation des échanges. Selon lui, l'instauration d'un salaire minimum mondial réduirait les dégâts environnementaux de la culture du «jetable».
Après 40 ans d’échec, les conférences climat doivent changer de stratégie !
Le Figaro/Tribune par Francis Journot. La première COP climat a été organisée par l’ONU à Genève en 1979. Cette même année a aussi vu l’aboutissement du cycle de Tokyo dans le cadre du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers institué en 1947). Cette étape déterminante du premier traité de libre-échange de l’histoire a induit une accélération sans précédent de la production à bas coût et du consumérisme mais aussi de ses effets pervers sur l’environnement. Certes, nous ne parviendrons pas à réparer ces dégâts mais après l’échec des COP au cours des 40 dernières années, nous devons néanmoins tenter à nouveau de concilier libre-échange, diminution de la pauvreté et sauvegarde de l’environnement.
Esclavage, immigration mortelle : il faut un salaire minimum
Selon un rapport de l’UNICEF, 322 millions d’enfants (23 % de la population mondiale âgée de 5 à 17 ans) sont engagés dans une activité économique.Parmi eux, 215 millions travaillent dans des conditions inacceptables et plus de 110 millions d’entre eux, sont soumis aux pires conditions de travail.Aussi, si l’on admet que lorsque les parents sont payés décemment les enfants sont moins souvent contraints de travailler et peuvent ainsi aller à l’école, l’existence d’un salaire décent se révèle cruciale.De même, nous assistons impuissants à la noyade de milliers d’enfants et adultes migrants dont bon nombre fuient des pays où les salaires des ouvriers fabricant des produits pourtant destinés aux grands marches de la consommation, permettent à peine de survivre. Par Francis Journot
Comment réduire les inégalités ?
Afin de réduire les inégalités, le collectif «Patriotic Millionaires » propose une taxation des plus riches qui toutefois ne semble pas faire l'unanimité. Un projet de salaire minimum mondial raisonnable et intégrant les réalités économiques, pourrait-il convaincre davantage ?
Dumpings, environnement, esclavage : Un salaire minimum mondial offrirait des solutions
Francis Journot dénonce l'esclavage de plusieurs dizaines de millions de femmes et d'hommes rémunérés quelques dizaines ou un peu plus d'une centaine d'euros par mois. Il défend un salaire minimum mondial, qui initierait une transition vers un changement de paradigme.
Francis Journot est consultant et entrepreneur. Il dirige le Programme industrialisation Afrique subsaharienne ou Plan de régionalisation de production Europe Afrique et Africa Atlantic Axis. Il fait de la recherche dans le cadre d’International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale
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