
Siège de l’Agence Française de Développement (AFD) dans son nouveau bâtiment de 50 000 m2 près de la gare d’Austerlitz,
La contribution française à l’aide publique au développement (APD) avoisinait 12 à 15 Mrds d’euros lors des dernières années avec une part de dons dans l’aide bilatérale et multilatérale proche de 80 % à laquelle il convient d’ajouter les remises de dettes de prêts. Mais quand la dette française explose, que des services publics sont à l’agonie et que la pauvreté augmente considérablement, la politique d’APD confiée à Agence française de développement (AFD) peut choquer. Aussi faut-il penser un modèle privé capable de mettra fin progressivement à une gabegie d’argent public.
Une politique d’aide publique au développement (APD) très critiquée depuis 60 ans
Sans toutefois proposer d’alternative autre que sa suppression, des personnalités de tous bords politiques ont dénoncé pendant 6 décennies, l’inefficacité de l’APD. Après notre sondage réalisé par Opinionway en 2024 qui révélait que 60 % de français contre 38 % pensaient qu’il fallait changer de modèle et notre article dans la Tribune Afrique en 2020 qui préconisait « Le capitalisme pourrait réussir là où l’aide au développement échoue depuis 60 ans », l’eurodéputée Sarah Knafo, le député Guillaume Bigot et la journaliste Charlotte d’Ornellas ont également émis des critiques et relancé le débat.
Citons avant cela, l’agronome René Dumont en 1962 puis les économistes Jean-François Gabas en 1988, Jeffrey Sachs en 1990, William Easterly en 2001 et Dambisa Moyo en 2009 qui blâmaient la méthode. En 2000, le journal Libération publiait l’économiste Stephen Smith « La France saupoudre son aide au développement. Un rapport de l'OCDE critique la dispersion des fonds » et dans le Monde, l’ancien diplomate Laurent Bigot écrivait en 2015 : « L’aide publique au développement n’aide pas l’Afrique ». « L’APD est un business qui fait vivre des dizaines de milliers de fonctionnaires internationaux et nationaux mais aussi une myriade de consultants. Ils ont tous en commun un objectif : ne pas scier la branche sur laquelle ils sont assis et sur laquelle ils vivent grassement. ». L’éditorialiste Jacques Hubert-Rodier prévenait aussi en 2017 dans Les Echos : « L’Afrique doit sortir de l’aide publique au développement ». Par ailleurs, beaucoup d’africains jugent la politique actuelle d’aide publique au développement, néo-colonialiste et humiliante.
Les budgets de l’aide publique au développement votés ces dernières années
Voté par le parlement, le budget de l’aide publique au développement était de 10.3 milliards d’euros en 2018 (0,43% du revenu national brut) puis atteignait 15.1 milliards d’euros en 2022 (0,56 % du RNB) et visait un objectif de 0,7 % du RNB en 2025 inscrit dans la loi de programmation d’août 2021 soit plus de 20 milliards d’euros. L'APD française reculait ensuite à 13,9 milliards d'euros (0.48 % du RNB) en 2023 puis diminuait encore dans les budgets de 2024 et 2025 (0.45 % du RNB). Mais l’objectif de 0.7 % du RNB en 2030 demeure. La part de dons dans l’aide publique au développement bilatérale avoisinait 80 % au cours des dernières années et dépassait 85 % en 2024 hors remises de dettes de prêts.
Les baisses de budgets américains et européens d’APD obligent à penser un autre modèle
Le président Donald Trump a annoncé la fin de l’USAID dès son investiture. L’absence des ministres américains Marco Rubio et Scott Bessent, respectivement ministre des Affaires étrangères et secrétaire au Trésor, au G20 en février en Afrique du Sud et au somment qui réunissait 530 banques de développement, semble confirmer le désengagement. Mais le premier contributeur mondial qui a dépensé 63.6 milliards de dollars en 2023 n’est pas le seul pays à vouloir réduire son aide publique au développement. La France, l’Allemagne, la Suède, les Pays bas et la Finlande ont diminué leurs budgets d’ADP et pourraient être rejoints par d’autres pays. L’APD collective de l'UE qui atteignait 95,9 milliards d'euros en 2023, pourrait être amputée de 30 à 40 % au cours de années à venir. En Afrique, la suppression de l’USAID représenterait une perte de 20 milliards de dollars de subventions à laquelle s’ajouterait plus de 30 milliards d’euros de baisse d’aide européenne.
L’APD échoue depuis 60 ans dans sa mission qui aurait dû procurer une amélioration des conditions de vie et d’autres perspectives que l’immigration. Aussi faut-il la remplacer rapidement par un paradigme plus efficace car l’explosion démographique en cours favorise la malnutrition et des conflits au milieu d’une population subsaharienne qui comptera 90 % de l’extrême-pauvreté mondiale en 2030 et passera de 2 milliards d’habitants en 2050 à 4 en 2100. Sans développement significatif au cours des 20 prochaines années, on pourrait craindre un chaos humanitaire inédit qui bouleverserait le monde.
Un fonds associé à un programme précis et structuré pour éviter la déperdition d’argent public
Peut-être est-il temps de mettre en œuvre un nouveau modèle. La dotation annuelle d’APD bilatérale et multilatérale fournie par les 32 pays du Comité d'aide au développement (CAD) de l’OCDE s’élevait à 224 milliards de dollars en 2023 et le montant des prêts ou dons promis au pays en développement dans le cadre de la COP 29 atteignait 300 milliards de dollars annuels. Il est certain que les pays donateurs qui distribuent, généralement à fonds perdus, l’argent public de leurs contribuables, préfèreraient que leurs capitaux soient préservés et rémunérés par un fonds dédié à un objectif déterminé et structuré comme notre programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne. Les montants placés seraient déductibles de la contribution annuelle d’APD proportionnelle au revenu national brut (RNB) recommandée par l’ONU. Le plan qui favoriserait l’émergence d’entreprises locales et un recul de l’extrême pauvreté, offrirait de surcroit, d’innombrables opportunités aux entreprises françaises et européennes.
Consultant et entrepreneur, Francis Journot est le fondateur du Programme pour l’industrialisation de l’Afrique subsaharienne ou Africa Atlantic Axis. Il est aussi l’initiateur du projet International Convention for a Global Minimum Wage et tient le site Collectivité Nationale
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/developpement/les-chiffres-de-l-aide-francaise/
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/developpement/les-chiffres-de-l-aide-francaise/article/bilan-de-l-aide-publique-au-developpement-francaise-en-2021
https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/20210720_brochure_loi-developpement_cle02148f.pdf
https://www.opinion-way.com/wp-content/uploads/2025/01/OpinionWay-pour-Le-programme-pour-lindustrialisation-de-lAfrique-subsaharienne-Les-Francais-et-laide-au-developpement-de-lAfrique-subsaharienne-Mars-2024.pdf
https://afrique.latribune.fr/think-tank/tribunes/2020-11-07/afrique-subsaharienne-le-capitalisme-pourrait-reussir-la-ou-l-aide-au-developpement-echoue-depuis-60-ans-861548.html
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/rapports/cion_afetr/l17b0459-tiii_rapport-avis#
https://www.liberation.fr/planete/2000/03/15/la-france-saupoudre-son-aide-au-developpement-un-rapport-de-l-ocde-critique-la-dispersion-des-fonds_318182/
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/12/14/l-aide-publique-au-developpement-n-aide-pas-l-afrique_4831732_3212.html
https://www.lesechos.fr/2017/06/lafrique-doit-sortir-de-laide-publique-au-developpement-1116002
https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/les-etats-unis-snobent-les-reunions-du-g20-une-premiere-2150001
https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/11/14/aide-au-developpement-le-grand-repli-europeen_6392870_3234.html#:~:text=L'aide%20au%20d%C3%A9veloppement%2C%20qui,0%2C7%20%25%20en%202024
Aide publique au développement : l'UE et ses États membres restent le premier bailleur de fonds au monde
https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/08/07/en-2100-40-de-l-humanite-sera-africaine_5169434_3244.html
https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2024/06/24/official-development-assistance-the-eu-and-its-member-states-remain-the-biggest-global-provider/